Paru il y a quelque temps déjà, Le Wokisme serait-il un totalitarisme ? entend porter le fer dans la plaie toujours plus béante d’une idéologie qui constitue une véritable menace pour nos démocraties. Nathalie Heinich, sociologue au CNRS, répertorie dans son essai les principaux et dangereux griefs qui en constituent le mode de pensée. A savoir : l’identitarisme, l’idéologisme et la censure, le tout conduisant à ce que l’auteur appelle un totalitarisme d’atmosphère.
Si les intentions du wokisme peuvent sembler clairement séduisantes – défendre les victimes des discriminations, qu’elles soient ethniques, religieuses, sexuelles ou autres – il apparaît surtout que ses discours définissent les individus exclusivement en fonction de leur origine, de leur foi, de leur genre ou encore de leurs préférences sexuelles, instituant ainsi des communautés qui segmentent la société au péril de l’idéal démocratique. De même, le wokisme, loin de constituer une science, se développe essentiellement sur des bases idéologiques, au mépris de la scientificité, de l’objectivité, de la rationalité ou de la logique. En un mot de la recherche scientifique de la vérité. Enfin, le wokisme entend faire taire, supprimer, effacer (la cancel culture) ce qui ne correspond pas à ses diktats idéologiques jusqu’à vouloir « rééduquer » la planète entière.
Nourri de nombreux exemples, l’essai de Nathalie Heinich permet de décortiquer cette lame de fond idéologique venue tout droit des universités américaines. Et d’ainsi mieux la combattre. En précisant que ce combat, qualifié souvent de droite par ses détracteurs, voire de fasciste, rencontre désormais de plus en plus d’adeptes de l’autre côté de l’échiquier politique, au sein d’une gauche qui reste attachée aux valeurs essentielles de la République comme la laïcité ou l’égalité des droits. Attachée aussi, et ce n’est pas là le moindre de ses héritages, à l’humour, arme favorite contre la bêtise.