Morgue

Morgue

En moi s’abîme le vivant
Des abysses s’y remplissent
De noirceurs à faire pâlir

En moi s’accordent des potences
Des morgues noires de monde

Qu’on me détache
Qu’on me blanchisse
Qu’on m’absolve du péché
De m’empêcher
De me lier à la postérité

En moi s’écœurent des ténèbres
Des apocalypses fraternelles
De vous qui après moi vivrez
Souffrez que je n’ai cure

Que l’on me soigne
De tout ce noir de monde
Qu’on ne me bassine
Qu’on me lave du péché
De m’empêcher
De me lier à la postérité

Je voudrais aimer tel un seul homme
Quitter mon île, prendre la mer
Embarquer femme, enfants, la terre entière
Femme, enfants, la terre entière

En moi s’abîme le vivant
S’y remplissent des abysses
De noirceurs à faire pâlir

En moi s’accordent des potences
Des détachements noirs de monde
Mes jours lamentent
De religieuses outre-tombes

Qu’on pille la glace
Qu’on les déluge
Qu’on les déloge
Qu’envahisse la horde sauvage sans refuge
Qu’on les éclaire
Qu’on les noyaute
Qu’on me détache
Qu’on me blanchisse
Qu’on m’absolve du péché
De m’empêcher
De me lier à la postérité

Je voudrais aimer tel un seul homme
Quitter mon île, prendre la mer
Embarquer femme, enfants, la terre entière
Femme, enfants, la terre entière

Qu’on me détache
Qu’on me blanchisse
Qu’on m’ausculte
Qu’on me découpe

A Alain
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