Le racisme d’Alan Parker (cinéma)

Le cinéaste Alan Parker est décédé le 31 juillet dernier à l’âge de 76 ans. Il venait de la publicité, comme ses compatriotes Ridley Scott, Tony Scott ou Hugh Hudson, et s’était rendu célèbre dès la fin des années 70 avec Midnight Express, un film devenu culte, pourtant authentiquement raciste.

Inspiré de l’histoire de William Hayes, Midnight Express raconte, en prenant beaucoup de liberté avec la réalité des faits, la tragique mésaventure d’un jeune américain emprisonné en Turquie, jugé d’abord pour possession puis pour trafic de drogue.

Aujourd’hui, en renvoyant le film, au-delà de son esthétique tape-à-l’œil, de sa psychologique simpliste ou de son sensationnalisme publicitaire, on reste abasourdi par la manière de décrire, bien au-delà de son régime politique et carcéral éminemment contestable, l’ensemble de la société turque, de ses mœurs, de ses habitudes, de ses croyances religieuses. Istanbul y est décrit comme un cloaque. Aidé dans son entreprise par Oliver Stone, son scénariste de l’époque, Alan Parker filme les Turcs comme autant de barbares. Brutaux , sales et ignorants.

Le racisme de Midnight Express sera à l’origine de tensions diplomatiques et contribuera à une sensible baisse de fréquentation des touristes occidentaux en Turquie. Il sera néanmoins sélectionné au Festival de Cannes, remportera 4 Bafta britanniques, 6 Golden Globes et 2 Oscars. Ce qui semble parfaitement inimaginable aujourd’hui…

Invité à plusieurs reprises à s’expliquer, Alan Parker refusera toujours de s’excuser, à l’inverse de William Hayes qui se désolidarisera de la manière dont est représentée la Turquie dans le film.

Au moment où certains déboulonnent des statues de Christophe Colomb, où d’autres voudraient interdire toute nouvelle diffusion de Autant en emporte le vent, où d’autres encore changent le titre d’un roman d’Agatha Christie, en ces heures où la moindre velléité à l’égard de la politique d’Israël se voit taxée d’antisémitisme, bref en ces temps où l’indispensable respect de chaque communauté humaine conduit parfois jusqu’à l’absurde, il est surprenant de constater que la disparition d’Alan Parker n’ait guère suscité le débat qu’elle méritait au sujet d’un film dont son auteur et son scénariste faisaient dire à leur personnage principal : « Pour une nation de porcs, c’est drôle que personne chez vous n’en consomme(…) Je hais les Turcs, je hais votre nation, je hais votre peuple, et je baise vos fils et vos filles, parce que ce sont des porcs. Vous êtes des porcs. Tous des porcs. »

Laisser un commentaire

Votre adresse e-mail ne sera pas publiée.