Il a fait plus court, plus accessible au plus grand nombre. A l’image de Karl Marx dont le Manifeste du Parti communiste synthétisait Le Capital pour permettre aux « masses laborieuses » de prendre conscience de leur état et de leur destin, Thomas Piketty a mis à la portée de tous (dont l’ignare que je suis) les analyses et conclusions tirées dans ses Capital au XXIè siècle et Capital et idéologie. C’est tellement pertinent que le lecteur se prend à croire à nouveau en la possibilité d’une véritable politique économique de gauche (même le pessimiste que je suis devenu).
La tendance de long terme vers l’égalité est réelle depuis la fin du XVIIIè siècle, mais elle n’en est pas moins limitée dans son ampleur. Nous verrons que les différentes inégalités continuent de s’établir à des niveaux considérables et injustifiés sur l’ensemble de ces échelles (statut, propriété, pouvoir, revenu, genre, origine, etc.).
Afin de poursuivre la marche vers l’égalité, il est urgent de revenir vers l’histoire et de dépasser les frontières nationales et disciplinaires. Le présent ouvrage, à la fois livre d’histoire et de sciences sociales, livre optimiste et livre de mobilisation citoyenne, tente de progresser dans cette direction.
Thomas Piketty, Une brève histoire de l’égalité, Seuil, 2021.
Prix Goncourt 2021, le roman de Mohamed Mbougar Sarr, malgré son exigence, parvient à fasciner son lecteur comme le ferait un voyage au cœur des ténèbres. L’Afrique, la sensualité de ses femmes, la littérature, l’écriture et la vie mêlée, une enquête sur un écrivain sénégalais disparu, un roman mythique et ultime dont la lecture à jamais vous bouleverse… Et des fulgurances dignes d’un grand roman.
Nous écrivions parce que nous ne savions rien, nous écrivions pour dire que nous ne savions plus ce qu’il fallait faire au monde, sinon écrire, sans espoir mais sans résignation facile, avec obstination et épuisement et joie, dans le seul but de finir le mieux possible, c’est-à-dire les yeux ouverts (…)
Mohamed Mbougar Sarr, La plus secrète histoire des hommes, Philippe Rey, 2021.
J’entends quelquefois dire qu’il faut rester fidèle à l’enfant qu’on a été. C’est la plus vaine ou funeste ambition qu’on puisse avoir au monde. Voilà un conseil que je ne donnerai jamais. L’enfant qu’on a été jettera toujours un regard déçu ou cruel sur ce qu’il est devenu adulte, même si cet adulte a réalisé son rêve. Cela ne signifie pas que l’âge adulte soit par nature damné ou truqué. Simplement, rien ne correspond jamais à un idéal ou un rêve d’enfance vécu dans sa candide intensité. Devenir adulte est toujours une infidélité qu’on fait à nos tendres années. Mais là est la beauté de l’enfance : elle existe pour être trahie, et cette trahison est la naissance de la nostalgie, le seul sentiment qui permette, un jour peut-être, à l’extrémité de la vie, de retrouver la pureté de jeunesse.
Idem.
Au fond, qui était Elimane ? Le produit le plus aboutit et le plus tragique de la colonisation. Il était la réussite la plus éclatante de cette entreprise (…) Mais Elimane symbolisait aussi ce que cette même colonisation avait détruit avec son horreur naturelle chez les peuples qui l’avaient subie. Elimane voulait devenir blanc, et on lui a rappelé que non seulement il ne l’était pas, mais encore qu’il ne le deviendrait jamais malgré tout son talent (…) La colonisation sème chez les colonisés la désolation, la mort, le chaos. Mais elle sème aussi en eux – et c’est sa réussite la plus diabolique – le désir de devenir ce qui les détruit.
C’est son roman le plus autobiographique. Marc Dugain, un de mes auteurs français favoris, nous livre ici le récit de la vie de son père, atteint de la polio dans son enfance, en liant sa « petite histoire » à la grande. Avec honnêteté, tendresse et lucidité. Et c’est magnifique.
Rares sont les constructions artificielles qui résistent à la souffrance et au néant. Pour les enfants les plus gravement menacés, par un phénomène troublant, l’âge ne se mesure plus à partir de la naissance, mais en comptant le temps qui sépare de la mort et, plus le terme est proche, plus ils gagnent en lucidité.
Marc Dugain, La Volonté, Gallimard, 2021.
On ne comprend absolument rien à la civilisation moderne si l’on n’admet pas d’abord qu’elle est une conspiration universelle contre toute vie intérieure.
Georges Bernanos in La Volonté de Marc Dugain, Gallimard 2021.
Il n’y a plus d’issue collective. Il fera comme les autres, beaucoup d’autres, il cultivera désormais le jardin de son individualité en se donnant l’illusion d’échapper au conditionnement de masse qui, d’année en année, étendra son emprise, pour attendre son apogée lors de la révolution numérique, trente ans plus tard.
Marc Dugain, La Volonté, Gallimard, 2021.
Durant les quinze ans qui ont suivi, j’ai donné le change. Puis je suis retombé en moi-même, les velléités mises à part, dans l’équilibre précaire des illusions fragiles, en aimable rebelle d’un monde qui sombre dans un fatras de mots contre lequel l’amour des miens est le rempart le plus solide.
Dans Philosophie Magazine, Manon Garcia, philosophe et figure montante de la pensée féministe, plaide pour une clarification des concepts (notamment celui du consentement) afin d’améliorer les pratiques sexuelles. Avec quelques salutaires mises au point sur nos conceptions occidentales de liberté et de soumission…
La réalité c’est qu’il y a des femmes qui s’affament, portent des talons de douze centimètres de haut, en pensant que leur vie entière doit être organisée autour du fait de plaire aux hommes et qui sont persuadées que la soumission est l’affaire des femmes voilées.
319 térabits par seconde ! Record battu, celui de la transmission de données sur Internet. De quoi rendre en permanence obsolète la notion même de progrès.
Ce record a été obtenu grâce à la nouvelle fibre optique développée par l’Institut national japonais des technologies de l’information et des communications (…) Il pourrait rendre obsolètes les concurrents principaux des réseaux-fibres, les réseaux 5G dont l’installation débute à peine. Une question se pose alors : le progrès technique irait-il plus vite que sa mise en application ? Oui, si l’on en croit le philosophe André Gorz, qui alertait en 1997 des risques « d’obsolescence accélérée » des techniques, fondée sur « des efforts intenses et soutenus en matière d’innovation ». Le progrès se périme toujours plus vite, parce qu’il se nourrit de l’accumulation des progrès qui le précède.
« Totalitarisme de la multitude », « sphérisation de la vie », « déni d’autrui », « outrecuidance de soi », « triomphe de la suffisance humaine et de la vanité sur la responsabilité », « effondrement d’un monde commun »… Voilà quelques-unes des observations et des conclusions tirées par le philosophe Eric Sadin, penseur du numérique, dans son dernier essai consacré aux conséquences de l’apparition successive d’internet et du smartphone dans une économie mondialisée et ultralibérale. Une lecture absolument passionnante. Une analyse pénétrante des forces à l’œuvre de notre temps. Laissant entrevoir des perspectives terrifiantes.
Cet écartèlement vécu par la majorité entre le constat de ne plus s’appartenir, de faire l’objet de pressions permanentes dans l’exercice du travail, d’être confronté à des situations de plus en plus rudes et précaires, à des difficultés de boucler les fins de mois, d’assister à une continuelle aggravation des inégalités, au recul des services publics et du principe de la solidarité et le fait de se retrouver équipé de technologies de facilitation de l’existence, d’accès immédiat à l’information, de formulation de ses opinions, de mise en relation entre les personnes et donnant le sentiment de bénéficier de davantage d’autonomie, caractérise en propre notre condition individuelle et collective présente. Comment ne pas saisir les ferments volcaniques qu’une telle tension, qu’une telle dichotomie, ne cessent de faire germer ?
L’ère de l’individu tyran. La fin d’un monde commun, Eric Sadin, Grasset, 2020.
Ce serait ça « l’ère de l’individu tyran » : l’avènement d’une condition civilisationnelle inédite voyant l’abolition progressive de tout sous-bassement commun pour laisser place à une fourmillement d’être épars qui s’estiment dorénavant représenter l’unique source formative de référence et occuper de droit une position prépondérante. C’est comme si, en une vingtaine d’années, l’entrecroisement entre l’horizontalisation des réseaux et le déchaînement des logiques libérales, ayant loué la « responsabilisation » individuelle, en était arrivé à une atomisation des sujets incapables de nouer entre eux des liens constructifs et durables, pour faire prévaloir des revendications prioritairement rabattues sur leurs propres biographies et conditions.
Idem.
A cet effet, devant la formation à grande vitesse de ce milieu au sein duquel tant de corps et d’esprits s’imaginent toujours plus maîtres en leur royaume, faut-il commencer par affirmer, haut et fort, que quelque chose toujours nous dépasse et nous oblige. Ce, en dépit de notre singularité, qu’on ne fera jamais assez parler, dont nous devons défendre la manifestation sous toutes ses formes, elle constitue notre voix propre, notre honneur – mais à l’intérieur d’un cadre partagé. Car il existe des valeurs transcendantes, celle de notre humanité, de notre commune humanité, qui, au-delà de nos irréductibles subjectivités, suppose une société d’âmes restant unies par un principe non-dit et qui doit être tenu pour inaliénable, à savoir que « l’individu ne peut avoir raison indéfiniment contre l’humanité » (Jules Romains).
Idem.
Un mouvement est enclenché, et il ne s’arrêtera plus. Il ne fera que s’intensifier et s’accélérer. Au point de bientôt voir deux réalités bien distinctes apparaître. D’un côté, l’ordre collectif, structuré par des usages, des règles, des lois. De l’autre, la multitude des individus faits de leur singularité, de leur biographie et de leurs inclinations. Chacune ne cessant d’être en continuelle interrelation mais suivant une dynamique qui perdra régulièrement en intensité, faisant peu à peu se substituer au principe d’une communauté de citoyens unis par quelques valeurs fondamentales et décidés à peser de concert et dans la contradiction sur leur devenir, celui d’une nuée de présences s’en remettant, bon gré mal gré et avant toute chose, à leurs désirs, à leurs préférences et à leur seul ressort.
Idem.
C’est seulement aujourd’hui que nous comprenons que leur singulière combinaison (internet + téléphone portable) allait prioritairement conduire à ce que les utilisateurs se considèrent comme étant dorénavant dotés d’attributs supposés leur procurer des marges accrues d’autonomie, un surcroit de souveraineté, concourant de façon toujours plus consistante au long des années à générer la formation d’une nouvelle psyché des individus.
Idem.
Aujourd’hui, nous passons de l’ère moderne – ayant vu les citoyens chercher à affirmer leur singularité et à défendre leurs intérêts, mais tenus de se référer d’une façon ou d’une autre à un registre de codes partagés – au stade d’une prolifération d’individus non pas isolés mais autarciques (…) Et alors, l’individualisme démocratique – fondé sur la libre expression des subjectivités, l’impératif de mener une vie sociale à diverses fins faites de rencontres plus ou moins fortuites, de découvertes bienvenues, mais aussi de déconvenues – s’efface pour laisser surgir un milieu où les êtres évoluent comme en parallèle les uns des autres, où ils sont promis à ne se côtoyer que si l’éventualité recouvre a priori une pertinence et où leur action emprunte à chaque fois le meilleur cours programmé.
Idem.
(Nous assistons aujourd’hui à) un divorce massif entre les individus et l’ordonnancement collectif, à l’apparition foisonnantes de fractures subjectives craquelant de partout le socle commun. C’est alors tout ce qui structure la vie sociale qui se voit exclu du champ de l’attention ou qui se trouve résolument rejeté. De façon mécanique, une dimension fondamentale vient à s’effriter : le principe d’autorité. C’est-à-dire le fait de reconnaître à certaines institutions la prérogative d’assurer la cohésion de la communauté politique, et à moult personnes, des compétences spécifiques permettant à chacun, en diverses occasions, d’évoluer en s’appuyant sur plus qualifié que soi.
Idem.
Il s’est opéré une bascule dans l’histoire de l’individualisme, ne voyant plus les êtres libres d’agir au sein d’un ensemble commun, mais vérifiant dans leur chair et leur esprit la sommation faite depuis de longues décennies de s’en remettre prioritairement à leurs propres forces, ayant affaibli les liens d’interdépendance et fait, consciemment ou non, de l’isolement la sensation première. Aujourd’hui, nous vivons le stade oxymorique d’un isolement collectif.
Il va bientôt avoir cent ans. Rien des bouleversements de ce siècle n’aura échappé à Edgar Morin. Ni les guerres ni les crises ni les aveuglements. Il les aura pensés sans jamais rechigner à en être un acteur. Il tire ici ses leçons de la pandémie. Comme un ultime témoignage, aussi résolu, aussi vital que celui d’un jeune homme. Même si on a le droit de ne pas se montrer à la hauteur de l’espoir qu’il continue à nourrir pour l’humanité…
L’extrême puissance de la technoscience n’abolit pas l’infirmité humaine devant la douleur et devant la mort. Si nous pouvons atténuer la douleur et retarder la mort par vieillissement, nous ne pourrons jamais éliminer les accidents mortels où nos corps seront écrabouillés; nous ne pourrons jamais nous défaire des bactéries et des virus qui sans cesse s’automodifient pour résister aux remèdes, antibiotiques, antiviraux, vaccins. Nous sommes des joueurs/joués, des possédants/possédés, des puissants/débiles. Nous devons prendre conscience du paradoxe que l’accroissement de notre puissance va de pair avec l’accroissement de notre débilité.
Changeons de voie, Edgar Morin, Denoël, 2020.
La conception techno-économique prédominante privilégie le calcul comme mode de connaissance des réalités humaines (taux de croissance, PIB, sondages, etc.) alors que la souffrance et la joie, le malheur et le bonheur, l’amour et la haine sont incalculables. Ainsi, ce n’est pas seulement notre ignorance, mais aussi notre connaissance qui nous aveuglent.
Idem.
Le dogme prétendument scientifique du néolibéralisme régnait en 2019 sur la plupart des pays de la planète ; il réduit toute politique à l’économique et tout économique à la doctrine de la libre concurrence comme solution à tous les problèmes sociaux. De fait, le dogme néolibéral augmente terriblement les inégalités sociales et donne un gigantesque pouvoir aux institutions financières. Or les solutions immédiates à la soudaine paralysie économique du confinement mondial ont été contraires au dogme qui gouvernait l’économie : elles ont augmenté les dépenses là où on les réduisait, elles ont introduit le contrôle de l’état là où on le supprimait, elles préparent une protection pour une autonomie économique de base là où était prôné le libre commerce. Ce renversement justifie dès lors les critiques de fond faites au néolibéralisme et stimule les propositions d’un changement radical de Voie, notamment par une new deal écologique-économique relançant l’emploi, la consommation et le niveau de vie.
Idem.
L’espoir est dans la poursuite du réveil des esprits qu’aura stimulé l’expérience de la mégacrise mondiale. Il devient vital de changer de Voie.
Hervé Le Tellier trace le portrait d’une galerie de personnages contemporains, autant de vies qui, pour avoir été réunies lors d’un vol Paris- New York, vont se voir complètement bouleversées. Comme le destin de l’humanité toute entière. De quoi réfléchir, et l’auteur le fait avec une rare intelligence, sur le sens à donner à nos existences.
Un roman français absolument étonnant, passionnant, qu’on ne parvient pas à lâcher. Dont un des personnages, écrivain (une sorte de double de Le Tellier), juge ainsi ses contemporains :
Nous sommes prêts à tordre la réalité si l’enjeu est de ne pas perdre tout à fait. Nous voulons une réponse à la moindre de nos anxiétés, et un moyen de penser le monde sans remettre en cause nos valeurs, nos émotions, nos actions. Regardez le changement climatique. Nous n’écoutons jamais les scientifiques. Nous émettons sans freins du carbone virtuel à partir d’énergies fossiles, virtuelles ou non, nous réchauffons notre atmosphère, virtuelle ou non, et notre espèce, toujours virtuelle ou non, va s’éteindre. Rien ne bouge. Les riches comptent bien s’en sauver, seuls, en dépit du bon sens, et les autres sont réduits à espérer.
« Une crapule de génie ». Jean Teulé nous brosse, à sa jouissive manière, le portrait de Charles Baudelaire. Qui fut le premier des poètes à avoir craché au visage de la société de son époque la face cachée de l’existence, l’horreur de certaines turpitudes humaines ou la tragédie sans lyrisme du temps qui passe et détruit tout. Ce qui rend son œuvre inégalable. Mais ce qui n’empêche pas, et l’humour punk de Teulé s’attache à nous en faire la démonstration, que l’homme était une authentique saloperie.
Un sale type, ce Baudelaire. Candidat de première ligne pour la « cancel culture » de notre formidable époque. Dandy méprisant, haineux du genre humain, provocateur impitoyable, misogyne, érotomane, suçant comme un vampire l’argent de sa mère pour avaler des quantités invraisemblables d’opium, aimanté par le sordide qu’il digérât avec délectation pour le chier sur l’hypocrisie bourgeoise de ses contemporains. Un sale type oui, mais un génie. Sans pareil pour mettre en terrible musique notre ennui, notre impuissance, notre insignifiance, notre bassesse, nos déchéances, nos destins tragiques de futures charognes.
Un sale type. Un génie. Qui si bien a su décrire le Spleen :
Quand le ciel bas et lourd pèse comme un couvercle
Sur l'esprit gémissant en proie aux longs ennuis,
Et que de l'horizon embrassant tout le cercle
Il nous verse un jour noir plus triste que les nuits;
Quand la terre est changée en un cachot humide,
Où l'Espérance, comme une chauve-souris,
S'en va battant les murs de son aile timide
Et se cognant la tête à des plafonds pourris;
Quand la pluie étalant ses immenses traînées
D'une vaste prison imite les barreaux,
Et qu'un peuple muet d'infâmes araignées
Vient tendre ses filets au fond de nos cerveaux,
Des cloches tout à coup sautent avec furie
Et lancent vers le ciel un affreux hurlement,
Ainsi que des esprits errants et sans patrie
Qui se mettent à geindre opiniâtrement.
- Et de longs corbillards, sans tambours ni musique,
Défilent lentement dans mon âme; l'Espoir,
Vaincu, pleure, et l'Angoisse atroce, despotique
Sur mon crâne incliné plante son drapeau noir.
Fruit de l’union d’une mère blanche et d’un père Cherokee, la « petite indienne » Betty Carpenter grandit avec ses multiples frères et sœurs en Ohio, dans le dénuement et les bras protecteurs des histoires magiques de son papa. Au plus près de la nature, face à la brutalité du monde. Roman d’apprentissage, âpre et lumineux, Betty est une formidable et tragique invitation à aller chercher toutes les beautés que peut nous offrir l’existence.
J’ai compris une chose à ce moment-là : non seulement Papa avait besoin que l’on croie à ses histoires, mais nous avions tout autant besoin d’y croire aussi. Croire aux étoiles pas encore mûres. Croire que les aigles sont capables de faire des choses extraordinaires. En fait, nous nous raccrochions comme des forcenées à l’espoir que la vie ne se limitait pas à la simple réalité autour de nous. Alors seulement pouvions-nous prétendre à une destinée autre que celle à laquelle nous nous sentions condamnées.